Épuisement moral et physique : comprendre les vraies causes et retrouver de l’énergie

Fatigue persistante, perte de motivation, corps à bout ? Découvrez les vraies causes de l’épuisement et comment retrouver votre énergie.

Olivier JADOT

6/1/20253 min read

L'épuisement moral et physique : comprendre ce qui vous vide, et comment retrouver de l'énergie

Il ne suffit pas de dormir plus.
C'est souvent par ces mots que commencent les consultations de celles et ceux qui viennent me voir, vidés, sans force, le regard flou, et cette même question au bord des lèvres : "Pourquoi je suis aussi fatigué ?"

Ce qu'on appelle communément l'épuisement est rarement le simple résultat d'un manque de repos. Il est bien plus souvent la conséquence d'un stress chronique, d'un surmenage mental, et d'un conflit intérieur silencieux qui use chaque jour un peu plus.

1. Épuisement moral, physique… quelle différence ?

L'épuisement physique se manifeste par une fatigue persistante, même après une nuit complète. Le corps est lourd, douloureux, lent. Il réagit par des douleurs diffuses, des tensions musculaires, des troubles digestifs ou du sommeil.

L'épuisement moral, lui, se manifeste autrement :

  • Une perte de motivation profonde.

  • Une sensation d'oppression, comme un poids sur la poitrine.

  • Des pensées en boucle, des ruminations incessantes.

  • L'impression d'être constamment sollicité, même seul.

  • Une perte d'estime de soi et une hypersensibilité émotionnelle.

Ces deux formes d'épuisement se nourrissent l'une l'autre, et c'est là tout le problème.

2. Ce qui épuise vraiment : la résistance permanente

Contrairement aux idées reçues, ce n'est pas l'accumulation des tâches qui épuise le plus. C'est la résistance mentale que l'on y oppose.

Lorsque chaque action devient un combat intérieur, lorsqu'on se dit sans cesse "j'en peux plus, il faut que ça s'arrête", le corps entre en mode alerte. Le système nerveux sympathique (celui du stress) prend le relais, même pour des tâches anodines.

"Ce n'est pas la montagne devant toi qui t'épuise, c'est le caillou dans ta chaussure."

Les neurosciences confirment cette dynamique. Une étude publiée dans Biological Psychology (McEwen, 2004) montre que l'exposition prolongée au stress chronique provoque une hyperactivation de l'amygdale (centre des émotions), une baisse de l'activité du cortex préfrontal (prise de recul), et une fatigue globale du système neuroendocrinien.

3. Ce que vous ressentez est réel, et vous n'êtes pas seul

Il est important de valider ce que vous ressentez. Non, ce n'est pas "dans votre tête". C'est dans votre corps, dans votre système nerveux, dans votre quotidien.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) reconnaît depuis 2019 le burn-out comme un phénomène lié au travail, caractérisé par "un sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle et d'incapacité à atteindre des résultats concrets". Mais ce que l'on appelle épuisement va bien au-delà du contexte professionnel.

Les parents solos, les aidants, les étudiants sous pression, les personnes en situation de grande responsabilité ou d'isolement peuvent toutes vivre un état d'épuisement profond, sans que cela soit reconnu comme tel.

4. Que faire ? Retrouver une stratégie à votre portée

Voici quelques pistes utiles, validées par la recherche et la pratique clinique, pour amorcer une sortie de l'épuisement :

a) Observer au lieu de résister

Apprendre à observer ses pensées, ses émotions et ses sensations sans chercher à les contrôler est un premier pas fondamental. La pleine conscience (Kabat-Zinn, 2003) permet de désactiver les réactions automatiques du stress.

b) Ralentir la respiration

Des exercices de respiration consciente, en particulier la cohérence cardiaque (inspirer 5s, expirer 5s, 6 fois/minute) ont des effets mesurés sur la baisse du cortisol et l'apaisement du système nerveux (Thayer et Lane, 2009).

c) S'appuyer sur un accompagnement bienveillant

Un travail avec un professionnel formé (médecin, psychologue, sophrologue, etc.) permet de reprendre la maîtrise de son quotidien, sans attendre d'être au fond du trou.

d) Redonner de la valeur aux micro-décisions

Quand tout semble trop grand, revenir à des petites actions. S'habiller, boire un verre d'eau, dire non, se reposer. Chaque micro-acte est une reconquête de vous-même.

5. Vous n'avez pas besoin d'attendre d'être au plus bas pour demander de l'aide

La fatigue extrême n'est pas un passage obligé de la vie adulte. Ce n'est pas un signe de faiblesse, ni un manque de volonté. C'est un signal. Et comme tout signal, il peut être écouté avant qu'il ne devienne un cri.

Prenez ce temps. Mettez un mot sur ce que vous ressentez. Et si vous hésitez, posez-vous simplement cette question : "Et si j'avais le droit d'être aidé ?"

Sources :

  • McEwen, B. S. (2004). Protection and Damage from Acute and Chronic Stress. Biological Psychology.

  • Kabat-Zinn, J. (2003). Où tu vas, tu es.

  • Thayer JF, Lane RD. (2009). Claude Bernard and the Heart-Brain Connection: Further Elaboration of a Model of Neurovisceral Integration. Neuroscience and Biobehavioral Reviews.

  • OMS (2019). Burn-out an "occupational phenomenon".